jeudi 3 décembre 2015

37 - Sauvetage d'un ami des jardiniers

Pour Karine et VHM
Un souvenir : 5 décembre 2012, il tombe des seaux d'eau. Il pleut, longtemps, beaucoup. Je pars en ballade et j'ai mon appareil photo avec moi. Au bout de la résidence, une bouche d'égout - un avaloir me dit mon fiancé qui est très technique - est engorgée. Autour d'elle qui n'en peut mais s'étale maintenant une immense flaque ;  pour les humains, ça n'est qu'une flaque. Mais pour le petit hérisson qui veut rejoindre son abri de l'autre côté, c'est un lac, que dis-je, un océan ! Et la petite bête se tient là, devant cet intraversable espace. C'est si loin l'autre rive...
Il ne bouge pas quand j'approche. Mais de très loin revient un autre hérisson apprivoisé que nous retrouvions tous les soirs à la même heure au même endroit, à La Grande Escourre et dont les piquants piquaient beaucoup. Alors je cours à la voiture et j'attrape des gants. Ils sont en laine et ne vont pas vraiment protéger mes mains mais faute de mieux...
Et je prends le petiot - ça pique comme prévu - et l'apporte de l'autre côté de son océan. Il me regarde et trottine vers sa planque. J'ai le temps de faire une photo.
 Un petit bonheur simple. Quelques secondes de complicité. Une joie sans mot. Le bruit de la pluie et la lumière dans l'instant des petits piquants blancs, un chardon sur pattes. 

jeudi 26 novembre 2015

Été 1

Été 1


Quelques jeunes nuages tressent le ciel en hâte.
Les cimes des arbres palpent et défont ces nattes.
Des pensées les piratent, scies des cigales, troubles derviches.

Des clapots d'enfants, un petit raffut diagonal.
Dans le théâtre d'ombres de nos pauvres histoires,
Nous traçons des trajectoires étranges pour éviter le soleil cru,
Pour aller vers l'ombre bienveillante.

On récapitule et on capitule et c'est le temps qui nous compte.


Laisser la berceuse
Laisser le berceau
S'abandonner au balancement de l'été qui baille.



Juillet 2015

mardi 24 novembre 2015

36 - C'est décidé !

Afficher l'image d'origine
C'est décidé : tous les jours, une demi heure en moins d'ordinateur au profit du piano. Clavier contre clavier les touches "black 'n white" vont gagner.
Je me suis rendu compte (réalisé a un autre sens) à quel point la face de bouc est chronophage. Et je sature. Je reste là à gober les choses que les gens postent, j'en poste moi-même. Je ne veux pas être en reste. Et le reste attend. C'est une addiction.
Ce n'est pas mon métier. J'y apprends mais je désapprends. Le temps me prend.  Il faut donc se déprendre. Ce n'est pas que je veuille maîtriser à tout prix ; mais là, je râle alors que je me piège moi-même. J'y lis des amis - les vrais et les facebook -, des textes magnifiques et d'autres hideux... Mais beaucoup, beaucoup, une quantité industrielle de mots et d'images. Et tout se confond, le rare et le banal, le précieux et le pauvre, l'échange vrai et le temps perdu. J'y ai découvert un petit film : c'est un chevreuil qui joue avec la mer : un miracle de liberté. Il y a de bons moments, de l'humour mais quelle avalanche ! Du coup, j'écris moins. Et ce réseau, si social soit-il, a pris une place qui m'effraie. Et je préfère les effraies.
Et je préfère la musique, définitivement, même si c'est un Requiem.


vendredi 20 novembre 2015

Nuit Lacérée 1



Toute une nuit à lacérer
Des souvenirs cloués sur les planches des ans,
Épinglés en succession de papillons morts.
Un inconfort de draps hostiles
Et de mémoire, un château fort et ses meurtrières.

L'enfant aimait les châteaux-forts.

En quête d'une douceur disparue
Dans la traversée du chagrin macéré.



29 mars 2015


dimanche 8 novembre 2015

35 - Les enfants des marais


30 octobre - Le Verdon - Marais du Logit
Je rencontre des enfants ; ils sont à la découverte de leur environnement et plus particulièrement des marais. Ils ont déjà beaucoup appris. Les animatrices et moi,  devons les aider à fixer ce qu'ils ont vu, entendu, retenu. On se promène un peu dans le marais, à la recherche d'un endroit où se poser. Ils sont une quinzaine, filles et garçons, de six à onze ans.
Un héron nous accueille, puis ce sera un vol d'oies sauvages, cap au sud, en un vol d'abord un peu brouillon puis en formation d'usage - le V dissymétrique - salué par des cris de joie.
(photo prise sur blog ombretlumière)
Je propose la " fabrique " de haïkus. Un des garçons me regarde d'un air complice et, tortillant sa main - genre " à peu près " - me dit : les haïkus, c'est un peu africain, non ? Je rectifie et lui dis que non, c'est japonais mais que ça n'a pas beaucoup d'importance.
Quelques haïkus plus tard, la position assise en tailleur dans l'herbe commence à faire souffrir mes articulations. J'explique en rigolant que je suis vieille et qu'il faut que je change de position. Un des petits, tout blond et silencieux, me demande l'air inquiet " tu es vieille, toi ? " Je lui réponds qu'en nombre d'années, oui... Et là, tout doucement, comme on parle à une personne fragile, il me glisse " Tu manges lentement ? ". J'éclate de rire et lui dis que non, justement, je mange trop vite et que je suis vieille en âge mais pas dans ma tête. Il a l'air soulagé et me sourit.
Je ferai une livraison des poésies plus tard. Je vous donne à lire le texte que je leur ai proposé pour ouvrir la séance : Maupassant extrait de Le Horla :
[...] J’aime l’eau d’une passion désordonnée : la mer, bien que trop grande, trop remuante, impossible à posséder, les rivières si jolies mais qui passent, qui fuient, qui s’en vont, et les marais surtout où palpite toute l’existence inconnue des bêtes aquatiques. Le marais, c’est un monde entier sur la terre, monde différent, qui a sa vie propre, ses habitants sédentaires, et ses voyageurs de passage, ses voix, ses bruits et son mystère surtout. Rien n’est plus troublant, plus inquiétant, plus effrayant, parfois qu’un marécage. Pourquoi cette peur qui plane sur ces plaines basse couvertes d’eau ? Sont-ce les vagues rumeurs des roseaux, le silence profond qui les enveloppe dans les nuits calmes ou bien les brumes bizarres, qui traînent sur les joncs comme des robes de mortes, ou bien encore l’imperceptible clapotement, si léger, si doux qui fait ressembler les marais à des pays de rêve, à des pays redoutables cachant un secret inconnaissable et dangereux. Non. Autre chose s’en dégage, un autre mystère, plus profond, plus grave, flotte dans les brouillards épais, le mystère même de la création peut-être ! Car n’est-ce pas dans l’eau stagnante et fangeuse, dans la lourde humidité des terres mouillées sous la chaleur du soleil, que remua, que vibra, que s’ouvrit au jour le premier germe de vie ?

Me pardonnerez-vous cet affreux calembour involontaire ? La Rêveuse de Marin Marais, j'en rêvais pour ce billet. (et youpee, je suis arrivée à mettre la musique sur le billet !)

jeudi 29 octobre 2015

34 - Bestiaire de voyage 2

On me dit et je ne peux le croire que les grues sont passées il y a longtemps. Et moi qui, chaque année les guette, les attends, les entends, parfois les vois et m'en réjouis-émeus, j'aurais raté cet événement ? Et bien ce soir, je les ai entendues, très loin il est vrai... mais c'était elles, les voyageuses ailées. (Depuis le début de l'écriture de ce billet, j'en ai vu beaucoup.)

Et qui ai-je vu dans mes dernières ballades ? Ah oui, lui là, le cygneau des marais : quel régal de s'étirer après avoir fouaillé la boue, s'être grattouillé : c'est Alfred et il ne sera blanc que plus tard quand il se salira moins et deviendra un peu prétentieux et poseur, comme ses parents.
Et puis, plus tôt dans la saison, il y avait eu aussi la rencontre avec ces folles de chèvres (que j'ai toujours envie d'écrire chêvre parce que je trouve que le petit chapeau sur le E leur va bien... ). Celles-là, on les a rencontrées à la ferme du Brukiza, à Bergouey-Viellenave autant dire, une mégalopole ! 
Elles étaient belles et folles, curieuses et hardies ; on a échangé, leurs yeux sont superbes et profonds ; l'une d'entre elles a essayé de manger la manche de ma veste mais c'était pour rire :
Dans mes voyages, je rencontre des gens bien sûr, mais ce sont les bêtes qui peuplent mes souvenirs et m'accompagnent longtemps. Je ne suis pas misanthrope mais...

Avec une spéciale dédicace à mon fiancé : pour lui, Shawn le mouton en Médoc :
Marais du Conseiller (Médoc)

dimanche 25 octobre 2015

33 Bis MUSIQUE VOLE !

 Arthur Grumiaux - Bach Sonata No.2 in A minor, BWV 1003 (IV. Allegro)

33 - Homme vole !

Jouiez-vous à Pigeon vole ?

Quand j'ai vu passer cet attelage, entre dune et eau, j'ai pensé Homme vole. À ce désir si ancien de faire l'oiseau. L'homme volant riait. Il allait à la rencontre de ses semblables aux ailes arrondies, parenthèses dans le ciel, poussant l'esthétique jusqu'à avoir des couleurs différentes.
Identification : joie !
Projection : peur !
Et si une rafale te projette contre la dune ? D'accord, ça n'est que du sable mais à 40 km/h, c'est dur le sable.
Et si une rafale contraire et contrariante te flanque dans l'eau ? La météo n'encourage pas le bain.
Nous parlons alors de ce rêve si répandu et récurrent de vols planés, à la canopée, sans autres outils que nos bras, notre élan et l'évidence de nos gestes. Je ne rêve plus que je vole et c'est dommage.
Sommes-nous toujours présents dans nos rêves ? Nous contiennent-ils toujours ? Ou bien leur arrive-t-il d'exister sans nous, peuplés d'autres connus et inconnus ? Peuplés d'Autre ?
Ce jour-là, nous jouions à la marelle sur deux saisons : automne sur le calendrier et hiver dans la réalité. Nous étions flottants, dans cet espace infime où le temps n'obéit pas, séparés les uns des autres par une fine couche de silence. C'était il y a longtemps déjà.

https://www.youtube.com/watch?v=B_Ab3kZjl8Q

Et comme je n'arrive toujours pas à mettre la musique, je publie en un deuxième billet celle que je voulais faire entendre ici. À Suivre et RDV billet 33 bis. 

jeudi 1 octobre 2015

32 - Bestiaire de voyage 1 : Le chant des vaches, la grâce des hérons

J'en ai croisé des quadrupèdes avec et sans cornes, des OVNI*, des furtifs, des majestueux, des gracieux !
Elles m'ont fait rire, celles-là ! Elles posaient devant l'appareil et les commères nous demandaient ce qu'on faisait là  tout en essayant d'attraper la petite branche d’acacia de l'autre côté de la clôture. À la fois placides et un brin agacées de voir ces voyeurs de voyageurs, meuglant en chœur et gaiement : " Ben quoi ? oui, nous sommes jolies mais nous, franchement, nous ne vous trouvons pas très beaux. Qu'est-ce qu'il y a ? Tu veux ma photo ? Pousse toi, Hortense, tu sais que je suis beaucoup plus photogénique que toi ! Vas-y, Clémentine, c'est ton solo " etc.
Je suis restée un long moment (à distance quand même) parce qu'elle étaient drôles et expressives, avec des tempéraments différents, leurs oreilles de lama et leur museau comme un groin.
Et puis, les OVNI (*oiseaux volants non identifiés, oui parce qu'il y a des oiseaux qui ne volent pas ou très mal), les bavards, les mutiques, les graciles et les gracieux, les invisibles, les diurnes et les noctambules : une multitude.
J'aime les hérons parce qu'ils sont timides et souvent seuls. Il faut se tenir loin d'eux. Leur envol est superbe, ample et ralenti. Une beauté silencieuse.
Je suis vraiment contente parce que cette année j'ai vu plein d'hirondelles ! Partout où je suis allée, les gens me disaient : " oui, elles sont là, elles sont revenues  !" Et ça m'est une joie.
Et je pensais : mais que seraient ces paysages sans les bêtes ? Ils en sont l'âme, le vif, les habitants. Ils en connaissent les fraîcheurs, les lumières, les dangers et les plaisirs.
Dans le Bestiaire 2, nous irons du côté des caprins et il y a de quoi faire avec ces créatures.
En attendant :
http://www.dinosoria.com/sons/hirondelle_rustique.mp3
et quelques vaches sous la lune...

samedi 19 septembre 2015

Fatigue

Fatigue


Sous le plomb de l'air, du nerf à vif. Une impatience crispe les gestes. L'indécision fait tanguer.
On sait que même l'orage ne pansera pas l'irritation qui est ailleurs : dans l'attente de rien, l'interminable surplace, l'inconfort permanent.
On aimerait la placidité des bêtes. On tend vers le point où le lointain se dévoile, où la musique enfin déploie sa respiration.
Mais toujours, dans son clapot, l'eau de l'empêchement lèche nos yeux. Il s'en serait fallu de peu pourtant... un ver luisant aurait pu combler ces hiatus. Ou bien le chant blessé des engoulevents. Les pois de senteur éclaboussant les fossés.
Mais non, même le sommeil se refuse, nous n'en avons que la lourdeur ; pas le repos ni l'oubli.

Et depuis quand cet épuisement de tout nous est venu ?


Août 2014

jeudi 17 septembre 2015

31 - Que d'eau, que d'eau !

Et voilà que de l'eau des ruisseaux et des rêves, nous passons à celle que le ciel balance généreusement sur la terre (et nos têtes). Bachelard serait content : il ne manque que le feu, quoique les éclairs des orages peuvent faire office. Je préfère être DANS que SOUS l'eau mais suis contente que la terre s'imbibe.
J'ai vraiment trouvé des pépites dans les ruisseaux de Gaston,  " Une grammaire pour explorer notre être au monde " comme le dit si bien Jean-Philippe Pierron, philosophe, spécialiste de Bachelard.
Dans le ruisseau parle la Nature enfant * parce que c'est toute une jeunesse, une vivacité, une fraîcheur qui s'expriment dans le ruisseau. C'est le ruisseau de Schubert... et l'écriture de Bachelard coule et dérive comme une improvisation.
Mais on y croise aussi les eaux dormantes, profondes, mortes, " l'eau lourde " d'Edgar POË. C'est une eau malheureuse, sa peine est infinie et le rêveur n'y rencontre que son passé ou la mort.
On y croise aussi Caron, le passeur souterrain d'une rive à l'autre, de vie à trépas, et cette pauvre Ophélie (au fil de l'eau) morte presque par inadvertance dans les eaux désirées. Silence ici...
Narcisse vient mais il n'est pas seul à contempler son image. Le ciel et les arbres aussi se mirent et se trouvent beaux, sans doute. L'œil véritable de la terre, c'est l'eau. *
Et l'eau-mère, mer, le lait du lac, principe féminin par excellence, principe de vie  L'eau nous porte. L'eau nous berce. L'eau nous endort. L'eau nous rend notre mère. *
Je voudrais aussi vous faire connaître ce texte -parution posthume - de mon amie Catherine Sanchez, extrait de Maka ma mère suivi de Ode au courant du ruisseau - Pleine Page, 2014 (Terre d'ombre) :
Et pour terminer avec les beaux mots de Bachelard, je vous propose enfin ceci : Venez, ô mes amis, dans le clair matin, chanter les voyelles du ruisseau ! Où est notre première souffrance ? Celle que nous avons hésité à dire... Elle est née dans les heures où nous avons entassé en nous des choses tues. Le ruisseau vous apprendra à parler quand même, malgré les peines et les souvenirs, il vous apprendra l'énergie par le poème. Il vous redira, à chaque instant, quelque beau mot tout rond qui roule sur les pierres. *
Et dessous, une autre pépite :

P.S. : Toutes les citations gras italiques suivies d'un * sont extraites de L'Eau et les rêves - Gaston Bachelard.
P.P.S. : Pour construire le texte que j'ai proposé à mes amis du GIHP que je rencontre une fois par mois, je me suis aussi appuyée sur une réflexion de Michèle Pichon portant sur Bachelard dont, faute d'information, je ne peux dire plus.
P.P.P.S. : j'ai failli ajouter mon Oubli des étangs mais mon post aurait été trop long... À suivre, au fil de l'eau.

jeudi 3 septembre 2015

30 - Et on est le 1er...

Et septembre - le septième mois de l'année comme son nom l'indique puisque l'année commence en mars - commence. Il peut commencer comme ça , sur le balcon (ci dessus) ou comme ça, avec Django : et c'est de la douceur, du bleu pas blues.
De la ballade ou balade. Fini l'écrasement des lumières. Finie l'attente d'on ne sait quoi, l'excitation bête : on n'attend plus, tout est là. L'impatience se tait. L'énervement s'arrête. Quelque chose s'achève et - n'en déplaise à certains - je dis : " enfin ! ". Pour moi, quelque chose commence. L'eau du Bassin va se clarifier. D'ailleurs, j'y file pour goûter ces clartés, cette transparence retrouvée.
Au retour, on se penchera sérieusement sur Bachelard et ses eaux rêveuses et sur Barthes qui craignait d'être un imposteur et qui fut traité d' "anguille ". Mais c'est très beau, les anguilles (et bon, en plus) ! Bref, on se remettra quand même au travail. Mais pour l'instant, partons retrouver l'étincelant, le frais, le vif ! (Photo Clarisse Mèneret)

lundi 31 août 2015

29 (quoique) Déjà des souvenirs ?


Voilà, le temps ça ressemble à ça : jamais nous nous baignons dans la même eau ! Et d'eau, il en fût beaucoup question. Ce temps passé dans lequel nous nous baignions, qui nous baignait quand la pluie tombait. Le plus heureux d'entre nous tous, le chien d'eau - quoique privé de sa maîtresse - puisque pour lui, toute eau est bonne !
Il y eut beaucoup d'orages, non ? J'entends des vieux mots : " les orages du 15 août.... après, l'été bascule ". C'était vrai ? Même les orages sont précoces maintenant... Et nous sommes le dernier jour d'août et l'été n'a pas vraiment basculé. Y a pus d'saison.
D'autres lieux s'ajoutent à ma mémoire d'eau, des contours indéfinis, le bout d'une terre qui ne veut s'achever et pousse son herbe dans l'eau sous une pleine lune qui observe. D'une terre ou bien d'une eau qui pousse son museau ? Des hommes vaquent à de mystérieuses occupations dans ces endroits sans nom : on s'installe là, on est pris par un mystère total de crépuscule, d'éléments croisés, de couleurs inédites, un petit flamenco dans l'oreille, déplacé lui aussi.

Et au même moment, une amie m'envoie le lien vers l'émission sur Bachelard et L'Eau et les rêves dont le titre est plus précisément Le corps des larmes. Pas de place pour les larmes : la contemplation prend toute la place, comme la musique, et l'on n'existe plus. On s'efface. On est saisi par l'immatériel.

https://www.facebook.com/Dormirmoinsbete/videos/909768195727391/
Je pense que le lien est inactif parce que ce n'est pas Youtube ou autre fournisseur : à voir sur Dormir moins bête : Quand le paon fait la roue ! Et vous avez plein d'images parce que pour certains, c'est la rentrée.

samedi 22 août 2015

28 - ( je crois) Une affaire de bagages

J'admire ceux et celles qui, la main sûre et le geste précis, vous préparent une valise en deux temps trois mouvements. Cela m'impressionne beaucoup. Je connais des spécialistes, certain(e)s m'ont même enseigné l'art de boucher les espaces avec des chaussettes ou des petites culottes... Je ne pars plus beaucoup, pas très loin et jamais pour très longtemps. Tout est relatif et cela ne change rien à cette affaire de bagages. En plus cette fois, je ne partais pas seule et si les bagages du copain (il ne sait pas les faire tout seul) se résument à une couverture, une vieille serviette de bain, une grande laisse très costaude et surtout... les croquettes, il faut quand même penser à tout. J'oubliais la trousse pharmacie spéciale chien à bobos !
Revenons à nos bagages ! On fait comme notre mère nous a appris : on part du bas : chaussettes, chaussures, on remonte, pantalons, jupe etc. : ça aide un peu. On pense à la météo et on rajoute un lainage et même un imper. En plus, il y aura deux maisons successives, différentes dedans et dehors : on prévoit donc pour deux SOI différents, on ne sera pas la même. Le départ, même si la distance est infime entre les deux lieux que l'on habitera, se complique. L'ailleurs se multiplie. Et les chaussures aussi, on sait bien que l'on ne pourra marcher pieds nus tout le temps. On en emporte trop, on le sait mais plus on fait, défait, refait, moins on trouve à enlever, au contraire on en rajoute. " Si je ne l'emporte pas, je vais le regretter. "
Et au retour... quel cauchemar ! On aimerait que les affaires aillent toutes seules dans la machine, sur le fil, et en volant comme le tapis de Sinbad retournent à leur place. On retrouve des odeurs d'eau, bains de rivière, d'herbe, de bois, de feux de cheminée (si si, il en fallut quelques uns).
On attend un peu... on sait qu'on va repartir. J'ai rien oublié ?
Vous n'y coupez pas :
PARDON !

samedi 4 juillet 2015

27 - Vive la vie !

Vivre, quel risque ! Toutes sortes de risques, de dangers, de pièges, de choix...  Quel risque y a-t-il à n'aimer personne ? Ce pauvre et triste Bukowski me navre : n'aimait rien que sa bière... Vais m'attirer des ennuis parce que les fans de Bukowski sont légion mais moi, son discours me navre, son travail me navre, sa vie me navre. Bref, il est, (ou plutôt a été) de bon ton d'aimer le soufre pour le soufre. Parce qu'enfin on pouvait parler de p..., de m..., de zizis, de cuites monumentales. Mais ce que ça vieillit mal ! Ce dégoût de soi !  Alors oui, parfois, c'est dur de mettre un pied devant l'autre mais c'est encore plus dur quand on se regarde le nombril. On se prend les pieds. Préfère un Gainsbourg qui ciselait l'or de ses mots et de ses notes et n'avait pas peur d'aimer et de le dire. Picole mais crée !
Et puis j'entends une dame à la radio, Toto la Momposina, une dame colombienne qui transforme le mot folklore en conflor (avec fleur) : une voix étonnante, tout un monde lointain, du rythme dans le vif : https://www.youtube.com/watch?v=Vptjlofa70w
Prende la vela, oui mettre les voiles, à la rencontre de la vie, de Jupiter et Vénus qui se tiennent par la main en ce moment dans le ciel du soir et (merci VHM) d'un papillon nommé Greta Oto dont les ailes sont transparentes. Elle est pas belle, la vida ?

samedi 27 juin 2015

26 - Chanson turque...


YOUN SUN NAH
J'avais déjà parlé de cette chanteuse et une amie en reparle et moi, je repars avec et ne m'en lasse pas. Momento Magico, mais plein d'autres titres où elle balade sa voix, y compris un charmant India song sur l'album Voyage... Et  il ne faut pas passer à côté des moments magiques. Il faut même aller les chercher, voire les créer. Car ils se présentent rarement d'eux-mêmes. Et puis quoi encore ?
Sur le balcon toujours les capucines ( donc, les bourdons et les abeilles) et pour la première fois aussi, des pois de senteur ! Senteur... Sentiers... Sentiments... Sensations. Des pois de sensation, légers comme des papillons, pois sans poids.
Mais surtout, surtout, un film : MUSTANG à voir toutes affaires cessantes.
Denez Gamze Ergüven filme un drame où l'on rigole, une force de vie qui va, un travail de résistance contre le patriarcat et la sexualité d'autant plus obsédante qu'elle est en prison. Un torrent, un désir de liberté raconté par la dernière des cinq sœurs, Lale. C'est juste, précis, au plus près des visages, des déplacements, pas de fioritures, du direct, " des robes marron couleur de merde ". Quel film ! Quand je vous aurai dit que la jeune Lale ressemble énormément à une jeune fille qui m'est très chère, (la première, sur la photo) vous douterez peut-être de mon objectivité. N'en faites rien ! Voyez, MUSTANG. Vous m'en direz des nouvelles (j'aime bien cette expression).
http://www.aufeminin.com/bandes-annonces-film/mustang-2015-n266669.html
Bravo les filles !

vendredi 19 juin 2015

Seule notre ombre est tendre...

La doublure




Métrer le temps passé
À bâtir le silence à grands points.
Nous voyons à travers la transparence de la peine :
elle est très semblable à la fumée de cigarette.
Elle en a le parfum, invisible et présent.

Explorer les doublures à la recherche de miettes abandonnées.

Seule notre ombre est tendre.


Fin mai 2015


lundi 25 mai 2015

25 - Dansons la capucine, en extase

Drôle de temps ! Drôle de tout, d'ailleurs... Entendre une femme parler du suicide de son eucalyptus n'est pas chose à vous apaiser. Cette femme avait à vider une grande maison après la mort de ses parents. Son père faisait partie de la tribu " je-garde-tout- on-ne-sait-jamais " (tribu que je connais un peu et redoute beaucoup). La maison était donc un invraisemblable pandémonium contenant des milliards d'objets. La femme commença par essayer de trier mais entre la centaine de violons, les dizaines de paniers de toutes sortes, les outils innombrables et j'en passe, elle finit dans un grand épuisement moral et physique. Elle décida de tout donner. Et quelques jours après cette décision, elle revint à la maison d'enfance et constata que l'eucalyptus du jardin était en train de crever. Une voisine - sorcière, sûrement - lui dit : " J'ai déjà vu ça, les eucalyptus se suicident parfois ".
Vivre un moment d'extase - littéralement sortie de soi - n'est pas chose courante non plus : l'autre soir, à la campagne, dans la contemplation du ballet parfait des pipistrelles et de deux étoiles très brillantes, une chouette est passée dans un silence total. Une plénitude infiniment calme, une abstraction étonnante se sont déposées : disparition de la pesanteur.
Et enfin, enfin, depuis le temps que j'essayais, je vois fleurir sur mon balcon une capucine et ça m'est une joie intense, comme un petit feu allumé jour et nuit :
Et cette musique, easy and rough, c'est du feu, de la nuit et c'est chouette ! Une extase.

P.S. : trouvé cette version de Proud Mary avec Cher et Elton John et ma foi, c'est pas mal. Si vous aimez Tina Turner, courez voir la version de Rio, 1988, ce n'est plus du feu, c'est un brasier !

mercredi 13 mai 2015

24 - Rose des vents


Et voilà, il suffit de quelques jours décoiffés pour que j'abandonne les écrans et me lance à la recherche des vents aux noms subtils : l'Harmattan et l'Autan, le Suroît et le Sirocco, le Pampero, le Chergui de mon pays, et bien sûr le délicieux Zéphyr.
Des jours de plumes et de porcelaine, exceptées quelques turbulences passagères ou de prodigieux agacements, grincements de dents. Faut dire qu'il n'y a pas que le vent qui nous bouscule ! On entend de ces choses... On n'a qu'à pas écouter mais il faudrait tout éteindre et vivre en ermite et ça, je ne sais pas faire. Pas encore...
Écouter cette musique (merci, l'amie de toujours pour ces découvertes anciennes et toujours présentes, tu te reconnaîtras bien sûr, Albi et Le Combat de Tancrède, hein ?), jouir de cette joie pas si simple. Je ne sais pas si la joie est simple.
Monteverdi Zefiro torna..., j'espère que le lien marche ! https://www.youtube.com/watch?v=85tCzdRt6UE

Et chaque soir, avant et pour s'endormir, chercher une harmonie, la belle image ou le beau son du jour. Tenter de passer outre les colères et ceux qui les provoquent, leur souffler dessus comme sur la fleur de pissenlit ; se souvenir alors du vieux dictionnaire de l'enfance qui vous accompagne encore et dont la devise est " Je sème à tous vents ". Et que s'en aillent alors dans le vent de votre choix toutes les petites esquilles plantées dans la tête.
Restera la musique.

samedi 2 mai 2015

23 - Sakura

En retard pour Sakura ! Mais mon camarade me dit qu'il a entendu un vieux monsieur japonais parler des cerisiers et de leur floraison et cela me donne envie de l'évoquer à mon tour.
J'ai fait mon deuxième voyage (je ne dis pas second puisqu'il ne faut pas exclure un troisième) au Japon au mois de mars et j'y ai vécu Sakura. J'étais assez jeune...
Là-bas, en même temps que la météo, on donne le niveau d'avancement de la floraison en pourcentage. C'est une occasion pour tout le monde de se réunir, de pique-niquer sous les arbres fleuris, de se réjouir du printemps et de la beauté de la nature. Sakura sonne comme Hourra.
Les arbres sont très importants dans ce pays, ils sont l'objet d'une réelle vénération. De ce point de vue, j'étais en harmonie. Mon premier voyage avait eu lieu en automne et les arbres - érables, gingkos et toujours nos cerisiers - s'enflammaient... Une autre palette, d'autres sensations, sentiments, symboles. Un feu d'artifice avant l'extinction des feux.
Mais pour revenir au hanami (regarder les fleurs), c'est maintenant que j'en comprends la symbolique de l'IMPERMANENCE, jusqu'à la chute des fleurs qui dit l'homme se détachant du monde.

Toutes les photos sont de Philippe Pelletier. Merci à lui pour les photos mais pas que... Je lui dois mes Japon(s).
Le tableau est de Vincent Van Gogh.
La musique est de Philip Glass : Orphee's bedroom extrait de la suite pour piano Orphée
https://www.youtube.com/watch?v=MmBkdvi0qfU


mardi 28 avril 2015

22 - DANSE

Dans son Dialogue avec Rothko, la danseuse-chorégraphe Carolyn Carlson trace dans l'espace, le temps, le son et avec une poétique précision le cheminement d'un artiste, le geste créateur. Ses mains deviennent un lieu de rituel. C'est une calligraphie corporelle qui me touche profondément. Elle est accompagnée par la musique aimante du violoncelliste Jean-Paul Dessy, à côté d'elle sur scène. Elle le dit : l'esprit ne vieillit jamais.

Danse

À Carolyn Carlson

Humblement, sans un tremblement, tendrement, rappeler les fantômes. Marcher sur les nuages, dans un frôlement d'yeux et d'eau.
Devenir cet être et sa question, dans un désir de saisir puis de lâcher, de chercher, de ramasser, de cueillir les sons, d'en faire des gestes de lumière.
Choisir de s'offrir et de prendre, de se disposer en réceptacle.
Enfiler les gants du don et jongler avec des pincées de couleurs, voir le rebond de nos bras sur l'air.
Nous déprendre de nos baluchons et nous en coiffer.
Et que nos craies crissent sur notre mémoire.
Et que nos gestes anciens soient essuyés pour en dessiner de plus bleus.

Comprendre que le corps, quand il danse, est enfin.

jeudi 23 avril 2015

21 - Les îles du désert, dit-il

Wim Wenders est là, sur le plateau de 28 minutes (Arte)... Il répond finement, figue et raisin, mais ça fait mouche, ça touche à chaque fois. Une petite flèche d'intelligence lorsqu'il parle de cette Europe qui n'est qu'économique et pas encore une émotion. C'est jubilatoire. Et je me souviens d'Alice dans les villes, de L'ami américain (avec mon chouchou, Bruno Ganz qui m'avait inspiré un billet du temps d'over-blog : http://tempesdutemps.over-blog.fr/article-bruno-ganz-55434095.html), de Buena vista social club, et du fantastique, de l'indispensable Pina...


Everything will be find est son dernier film : il évoque la culpabilité d'écrire un livre à partir d'un drame personnel sans avoir demandé à la victime son accord.
À la fin de l'entretien, il le dit : Les ailes du désir, les îles du désert et ça me fait plaisir, tout simplement.
Et je ne m'arrête plus, je retourne au Texas avec Ry Cooder, ça plane Ry... des lieux en forme de silence, des sons perdus aux confins d'un monde qui peut-être n'existe que par l'écho.

Et je trouve, extrait des Ailes du désir ce magnifique poème de Peter Handke Lorsque l'enfant était enfant, ces images de la trapéziste, de Bruno Ganz, de Peter Falk. Et je retombe dans le poème du film :
https://www.youtube.com/watch?v=deFSC741coQ
Faut que je m'arrête. Sinon...
Juste méditer sa phrase, en fin d'émission : " Le réel doit l'emporter sur la fiction. "

Merci, Monsieur Wenders !

jeudi 16 avril 2015

20 - L'Oubli des étangs



L'oubli des étangs

Étends toi, l'étang
Lieu de peu, jouxtant le rien
Une surface et des bords, aimant les heures pâles
Celles du matin y frissonnent
Celles du soir y soupirent
Un ennui, peut-être.


Étends toi, l'étang
Sous ta paix apparente et tes infimes sursauts
Ouvre tes oubliettes

Les étangs nous oublient.


1er septembre 14



mercredi 15 avril 2015

19 - Bé-at BAH !

Faut pas croire qu'on passe son temps là à râler et se lamenter ! Même si c'est trop, trop fort et trop vite, ce bout d'été dans le printemps, qui s'en plaindrait ? Surtout quand on sait - bonheur total - que la pluie va revenir. Oui, la pluie est un bonheur complet pour moi. D'abord parce que c'est de l'eau et que j'aime l'eau plus que tout. Ensuite parce que tout le monde en a besoin, tous règnes confondus.
En l'attendant, on s'agrippe à toute cette lumière.
Même si le monde n'est pas au mieux, on a de petites et des grandes joies. Exemple : le vieil Hubert Reeves disant à Michel Onfray " Pas d'accord avec votre livre sur Freud qui est un Christophe Colomb : il a découvert le continent de la psyché et de l'inconscient ". Et l'autre, comme un p'tit gars qui prend un coup de règle sur les doigts. Mais quand même, tous deux étaient d'accord pour dire qu'il fallait absolument que les enfants voient les étoiles et la voie lactée. Bon moment, belle rencontre.
Béat aussi devant les mots de ces enfants qui - avec les pauvres (dixit Paul Ricœur) - sont nos maîtres :
Le vent tiède et jaune
Se promène dans le parc
Il est en ballade
Maël, 6 ans


Et je salue au passage l'amie et son jardin où il se passe des choses à la fois inquiétantes et... " attachantes ". Une personne qui m'a aidée à réfléchir et à donner du sens disait : " L'attachement, oui. L'attachement à l'attachement, mmhhh, non. "
C'est le B-A, BA mais ça va mieux en le disant.

samedi 11 avril 2015

18 - Les nuisibles


Je me réveille un matin avec un reste de rêve accroché dans l'oreille : à l'école, la maîtresse parle des " nuisibles " et ce mot m'inquiète. Tout à fait éveillée, je cherche de quels animaux elle parlait. Les souris sans doute (ici, un mulot, j'en vois parfois dans mes balades, c'est tout petit), les renards, c'est sûr. Et ma gêne persiste. Enfant, ai-je ressenti un malaise avec ce mot ou bien est-ce un souvenir reconstruit ? Et je comprends ce qui me perturbe tant  : l'anthropocentrisme ! Nous seuls comptons, nous seuls avons le droit de nous nourrir (en empoisonnant la terre), la terre nous appartient en exclusivité. Voilà, ils NOUS gênent, grignotent NOS salades, piètinent NOS champs de blé et, de temps en temps bouffent un humain. Ils ont juste le droit d'être abattus et bouffés. (Pas les mulots mais ça viendra)
Et je ne peux éviter les images de massacres de phoques, d'éléphants, de rhinocéros et j'en passe. Pour finir, je me dis : l'animal le plus nuisible, sans l'ombre d'un doute, c'est l'homme.
Sans transition, autre étonement - quoique... - le vendredi 10 avril, hier donc, je vais chez le buraliste pour acheter Sud-Ouest m'attendant à trouver en une des photos et un compte-rendu de la manifestation de la veille : on était nombreux ! Eh bien, rien ! Ça n'a pas existé, il ne s'est rien passé. Les bras m'en tombent. Et chaque fois que la voix de France-Culture et France-Musique vient dire qu' " en raison de, nous ne sommes pas en mesure, etc etc. " j'entends la " défonce " de l'emploi au lieu de la défense. Je suis sûre qu'il dit " défonce ". Un jour, plus de France-Musique.
Pour finir, un ami me téléphone du Nouveau-Mexique : il est français ET noir. Il me dit qu'il se fait arrêter à peu près tous les quinze jours, comme ça, pour vérification d'identité. Il est résigné et triste. Il a peur parfois parce que presque tout le monde est armé. On a vu ce que ça donne.
Nuisible, vous avez dit nuisible ?
Lui, lien juste dessus,  je vous accorde qu'il n'est pas net : le coucou, Saint-Saëns, Le Carnaval des animaux. Et dessous, le féroce nuisible !
Merci à Fanfan et son blog animalier.

jeudi 2 avril 2015

17 - Écho



Écho



Aller à la joie dévorante, joie animale qui déchiquetera la désolation
Une joie-ravage : entrer dans la musique comme dans une vague,
Peur et liesse tressées.
Aller à l'écho surtout, dans un corps musical
Écho de squale et de mort, mort à l'air libre
Tandis que la lune s'ensable.


Février 2014