jeudi 26 novembre 2015

Été 1

Été 1


Quelques jeunes nuages tressent le ciel en hâte.
Les cimes des arbres palpent et défont ces nattes.
Des pensées les piratent, scies des cigales, troubles derviches.

Des clapots d'enfants, un petit raffut diagonal.
Dans le théâtre d'ombres de nos pauvres histoires,
Nous traçons des trajectoires étranges pour éviter le soleil cru,
Pour aller vers l'ombre bienveillante.

On récapitule et on capitule et c'est le temps qui nous compte.


Laisser la berceuse
Laisser le berceau
S'abandonner au balancement de l'été qui baille.



Juillet 2015

mardi 24 novembre 2015

36 - C'est décidé !

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C'est décidé : tous les jours, une demi heure en moins d'ordinateur au profit du piano. Clavier contre clavier les touches "black 'n white" vont gagner.
Je me suis rendu compte (réalisé a un autre sens) à quel point la face de bouc est chronophage. Et je sature. Je reste là à gober les choses que les gens postent, j'en poste moi-même. Je ne veux pas être en reste. Et le reste attend. C'est une addiction.
Ce n'est pas mon métier. J'y apprends mais je désapprends. Le temps me prend.  Il faut donc se déprendre. Ce n'est pas que je veuille maîtriser à tout prix ; mais là, je râle alors que je me piège moi-même. J'y lis des amis - les vrais et les facebook -, des textes magnifiques et d'autres hideux... Mais beaucoup, beaucoup, une quantité industrielle de mots et d'images. Et tout se confond, le rare et le banal, le précieux et le pauvre, l'échange vrai et le temps perdu. J'y ai découvert un petit film : c'est un chevreuil qui joue avec la mer : un miracle de liberté. Il y a de bons moments, de l'humour mais quelle avalanche ! Du coup, j'écris moins. Et ce réseau, si social soit-il, a pris une place qui m'effraie. Et je préfère les effraies.
Et je préfère la musique, définitivement, même si c'est un Requiem.


vendredi 20 novembre 2015

Nuit Lacérée 1



Toute une nuit à lacérer
Des souvenirs cloués sur les planches des ans,
Épinglés en succession de papillons morts.
Un inconfort de draps hostiles
Et de mémoire, un château fort et ses meurtrières.

L'enfant aimait les châteaux-forts.

En quête d'une douceur disparue
Dans la traversée du chagrin macéré.



29 mars 2015


dimanche 8 novembre 2015

35 - Les enfants des marais


30 octobre - Le Verdon - Marais du Logit
Je rencontre des enfants ; ils sont à la découverte de leur environnement et plus particulièrement des marais. Ils ont déjà beaucoup appris. Les animatrices et moi,  devons les aider à fixer ce qu'ils ont vu, entendu, retenu. On se promène un peu dans le marais, à la recherche d'un endroit où se poser. Ils sont une quinzaine, filles et garçons, de six à onze ans.
Un héron nous accueille, puis ce sera un vol d'oies sauvages, cap au sud, en un vol d'abord un peu brouillon puis en formation d'usage - le V dissymétrique - salué par des cris de joie.
(photo prise sur blog ombretlumière)
Je propose la " fabrique " de haïkus. Un des garçons me regarde d'un air complice et, tortillant sa main - genre " à peu près " - me dit : les haïkus, c'est un peu africain, non ? Je rectifie et lui dis que non, c'est japonais mais que ça n'a pas beaucoup d'importance.
Quelques haïkus plus tard, la position assise en tailleur dans l'herbe commence à faire souffrir mes articulations. J'explique en rigolant que je suis vieille et qu'il faut que je change de position. Un des petits, tout blond et silencieux, me demande l'air inquiet " tu es vieille, toi ? " Je lui réponds qu'en nombre d'années, oui... Et là, tout doucement, comme on parle à une personne fragile, il me glisse " Tu manges lentement ? ". J'éclate de rire et lui dis que non, justement, je mange trop vite et que je suis vieille en âge mais pas dans ma tête. Il a l'air soulagé et me sourit.
Je ferai une livraison des poésies plus tard. Je vous donne à lire le texte que je leur ai proposé pour ouvrir la séance : Maupassant extrait de Le Horla :
[...] J’aime l’eau d’une passion désordonnée : la mer, bien que trop grande, trop remuante, impossible à posséder, les rivières si jolies mais qui passent, qui fuient, qui s’en vont, et les marais surtout où palpite toute l’existence inconnue des bêtes aquatiques. Le marais, c’est un monde entier sur la terre, monde différent, qui a sa vie propre, ses habitants sédentaires, et ses voyageurs de passage, ses voix, ses bruits et son mystère surtout. Rien n’est plus troublant, plus inquiétant, plus effrayant, parfois qu’un marécage. Pourquoi cette peur qui plane sur ces plaines basse couvertes d’eau ? Sont-ce les vagues rumeurs des roseaux, le silence profond qui les enveloppe dans les nuits calmes ou bien les brumes bizarres, qui traînent sur les joncs comme des robes de mortes, ou bien encore l’imperceptible clapotement, si léger, si doux qui fait ressembler les marais à des pays de rêve, à des pays redoutables cachant un secret inconnaissable et dangereux. Non. Autre chose s’en dégage, un autre mystère, plus profond, plus grave, flotte dans les brouillards épais, le mystère même de la création peut-être ! Car n’est-ce pas dans l’eau stagnante et fangeuse, dans la lourde humidité des terres mouillées sous la chaleur du soleil, que remua, que vibra, que s’ouvrit au jour le premier germe de vie ?

Me pardonnerez-vous cet affreux calembour involontaire ? La Rêveuse de Marin Marais, j'en rêvais pour ce billet. (et youpee, je suis arrivée à mettre la musique sur le billet !)